Depuis, dimanche 21 juillet au matin, ils sont sortis de leurs hangars les monstres.

Je les entends ronronner derrière chez moi. Il y a aussi ce bambam de la batteuse incorporée. Ce bambam qui ressemble au battement du cœur.
Tous les jours de la moisson, la soufflerie est mise en action pour nettoyer toute la poussière dégagée par la coupe et le battage, et ce pendant toute la matinée. On ne se rend pas compte du temps passé à cette activité. Je le sais car de chaque côté de ma maison ou du jardin, j’ai un agriculteur.
A la fin des moissons, il y a encore un gros moment de nettoyage au karcher.

Comme me disait mon jeune voisin, un matin de la semaine dernière, il faut éviter l’échauffement.
Oui, cela peut être grave. Le fils de mon amie conteuse a eu le feu deux fois cette année. La moissonneuse est plus fragile car vieille m’a-t-elle dit.
Les moissonneuses avalent à toute vitesse les blés d’une grande beauté visuelle cette année. Ils sont d’un blond pâle comme les cheveux de certains bébés qui, en devenant des enfants, prennent, souvent, une teinte plus foncée.

Fréquemment, la pluie vient les grisailler avant la moisson. Pas cette année.
Je ne sais pas si les épis sont moins gros que d’habitude, mais ils sont si beaux.
Un bonheur de se balader par des chemins qui vous montrent combien la terre peut nous donner.

Bizarrement, pour une fois, à quelques pas de chez moi, les terres se sont couvertes de blés. On ne voit que cette couleur, à perte de vue, coupée par le vert des bosquets. D’habitude, les terres sont panachées de maïs, de betteraves ou de luzerne.
Les remorques, chargées du grain doré, passent et repassent.
C’est le balai de chaque année au moment des moissons.
Celui des plateaux, sur lesquels sont installées les balles de paille, va succéder, avec ce bruit tellement identifiable pour nous lorsqu’ils passent sur les deux petits rebonds de la route au bout de notre petite rue qui se termine en chemin qui plonge dans les terres à cultures en passant par deux/trois clos arborés.
Ensuite, ce sera celui du maïs. Mais nous n’en sommes pas encore là.
Je pense que beaucoup d’entre vous connaissent les moissons.
Moi j’engrange les bruits, les odeurs, les couleurs jusqu’à l’année prochaine.